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Cet article se penche sur un épisode radiophonique durant lequel deux animateurs effectuent un coming out hétérosexuel à l’occasion de la journée internationale du coming out (11 octobre). Dans une perspective issue de l’analyse conversationnelle d’inspiration ethnométhodologique, il étudie une collection d’occurrences de coming out, permettant non seulement d’identifier un format séquentiel récurrent et la manière dont il contribue à l’efficacité de la pratique, mais aussi de réfléchir à la façon dont il peut être utilisé dans différents contextes sociaux, notamment médiatisés et médiatiques. En particulier, l’article montre comment la pratique est au service d’une émission radiophonique sur le coming out et prépare la transition vers le traitement de l’homosexualité à la radio. Grâce à un enregistrement vidéo du travail des animateurs dans le studio de radio, l’article décrit la façon dont le thème de la journée internationale du coming out est fabriqué et orchestré dans les coulisses de la radio et sur les ondes. Ce faisant, il montre la contribution d’une analyse conversationnelle à l’approche du coming out dans les études de genre – où la pratique est largement discutée mais sans être analysée sur la base d’occurrences documentées. L’article revient ainsi sur l’épistémologie du closet chère à Eve Sedgwick, en proposant une anatomie du coming out en contexte médiatisé, qui en éclaire les enjeux non seulement épistémiques mais aussi de normativisation, publicisation et spectacularisation.
Dans le cadre de l’ethnométhodologie et de l’analyse conversationnelle, cet article s’intéresse à la production de la parole radiophonique en contexte, telle qu’elle est accomplie en temps réel et de manière située, incarnée et soutenue technologiquement dans le studio. Il vise ainsi à replacer la parole radiophonique dans son écologie matérielle et à l’aborder dans ses processus de production plutôt que comme un produit fini. L’analyse se focalise sur les instants qui précèdent immédiatement la prise de parole des animateurs, sur le moment où ils procèdent aux derniers échanges coordonnant leur parole à l’antenne et où ils mobilisent une série de ressources technologiques juste avant le passage au direct : ils précisent ou confirment les dernières prises de décision concernant ce qu’ils vont dire et la manière de le dire, prennent en main leur casque, le mettent, arrangent le micro, effectuent les derniers réglages de régie. Ce moment révèle les arrangements technologiques – dans la mobilisation de plusieurs artefacts - et interactionnels – dans la mise en œuvre de procédés de coordination et d’ajustement mutuel - complexes qui rendent possible la parole en direct.
Cet article se fonde sur une collection de répétitions suite à un chevauchement, tirée de données vidéo en allemand et en français. La description systématique de cet outil de reprise de tour articule une comparaison entre cas clairs et cas déviants de ce phénomène. Il est démontré que le recyclage est aussi bien une ressource du locuteur suivant que du locuteur en cours.
Cet article étudie les définitions en contexte d’instructions dans les leçons d’auto-école. Les observations s’appuient sur un corpus de 70 heures de leçons enregistrées par vidéo en Allemagne. Le moniteur utilise des définitions pour introduire des nouvelles expressions techniques qui sont étroitement liées aux buts de l’apprentissage de conduite. Pour leur production, l’emploi des ressources multimodales est fondamental. La définition ostensive par pointage et une assertion existentielle (ça/ici c’est X) est complétée par des définitions descriptives et des démonstrations gestuelles du maniement des objets. L’objectif des actes de définition ici n’est pas de délivrer une définition de l’expression en soi, qui soit valable pour tous les contextes possibles, mais de produire une définition qui soit efficace dans le contexte pratique concerné. Les définitions donc sont plutôt fragmentées, indexicales et situées, et elles sont adaptées aux pré-connaissances de l’interlocuteur.
Le chevauchement, c’est-à-dire la prise de parole simultanée d'au moins deux locuteurs, est un phénomène omniprésent dans la conversation. Inscrit dans le cadre théorique de l'Analyse Conversationnelle et de la linguistique interactionnelle, notre travail se penche sur la parole simultanée considérée comme un phénomène systématique et ordonné qui appartient aux pratiques routinières de l'alternance des tours de parole. Nos analyses se fondent sur des transcriptions d'enregistrements vidéo de données interactionnelles naturelles, des conversations ordinaires en français et en allemand. Nous ne portons pas uniquement un regard sur le chevauchement en tant que phénomène audible, mais le concevons comme une pratique incarnée en interaction, qui est également implémentée par des ressources visibles. À l'analyse séquentielle s'ajoute donc une analyse multimodale, qui nous permet de tenir compte des constellations participatives dynamiques lors du chevauchement. Le travail analytique se focalise sur trois phénomènes spécifiques dans lesquels la parole simultanée intervient de manière significative : d'abord l'auto-répétition faisant suite au chevauchement, ensuite l'abandon de tour de parole d'un locuteur lors de la parole simultanée et enfin la complétion différée, la continuation retardée d'une prise de parole en chevauchement avec l'intervention d'un interlocuteur. Cette thèse contribue à une compréhension approfondie de ces trois phénomènes et démontre que l'organisation de la parole simultanée est étroitement liée à la gestion de trajectoires d'action complexes et de cadres participatifs dynamiques.