Gesprächsforschung / Gesprochene Sprache
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Ce chapitre s’intéresse à la façon dont les changements de langue dans des réunions sont gérés par les parties co-présentes qui les traitent comme posant des problèmes de participation, en s’orientant vers le fait que le choix d’une langue particulière peut avoir comme effet d’augmenter ou bien de diminuer la participation de certains ou de tous les membres co-présents. Le choix d’une langue plutôt que d’une autre est étudié comme répondant à un problème des membres et comme une décision prise par eux, exhibant la manière dont ils s’orientent vers ses conséquences et dont ils élaborent sa justification et légitimité. Dans ce sens, le choix de l’anglais ou de plusieurs langues co-existantes voire alternantes n’a pas en soi une valeur positive ou négative en termes de participation, d’adéquation ou d’efficacité, mais a une valeur qui est située et occasionnée, dépendant des formats spécifiques de participation, des compétences reconnues localement et de la manière dont l’interaction est organisée. Afin d’explorer de manière systématique cette articulation entre choix de langue et participation, nous allons nous pencher sur un phénomène particulier et récurrent. Il s’agit de l’annonce qui projette un changement de langue et qui peut prendre une forme telle que “now we will switch into English so that you can participate”. Nous l’analyserons en tenant compte de la position séquentielle où elle est produite, de son format, de la façon dont elle est adressée à une partie ou à la totalité des co-présents, et de l’action spécifique qui y est accomplie. Nous étudierons aussi la manière dont elle est reçue, ses effets sur le cadre de participation, ainsi que les catégorisations qui en découlent. On montrera ainsi la relation de configuration mutuelle qui s’établit entre choix de langue et cadre de participation. Nos analyses seront développées sur la base de plusieurs corpus de rencontres professionnelles internationales enregistrées en audio et en vidéo sur plusieurs terrains. Les données vidéo nous invitent à considérer non seulement la dimension linguistique des cadres participatifs et des changements de langue, mais aussi leur organisation multimodale : l’organisation incarnée (embodied) du code-switching n’a pratiquement pas encore été explorée et la participation incarnée reste sous-étudiée, ainsi que son lien avec des espaces interactionnels spécifiques. Ce chapitre montre que les détails multimodaux sont cruciaux pour la compréhension des liens entre plurilinguisme et participation en tant que dynamiques occasionnées, contingentes et émergentes.
This paper aims at contributing to the analysis of overlaps in turns-at-talk from both a sequential and a multimodal perspective. Overlaps have been studied within Conversation Analysis by focusing mainly on verbal and vocal resources; taking into account multimodal resources such as gesture, bodily posture, and gaze contributes to a better understanding of participants’ orientations to the sequential organization of overlapping talk and their management of speakership. First, we introduce the way in which overlaps have been studied in Conversation Analysis, mainly by Jefferson (1973, 1983, 2004) and Schegloff (2000); then we propose possible implications of their multimodal analysis. In order to demonstrate that speakers systematically orient to the overlap onset and resolution we analyze the multimodal conduct of overlapped speakers. Findings show methodical variations in trajectories of overlap resolution: speakers’ gestures in overlap display themselves as maintaining or withdrawing their turn, thereby exhibiting the speakership achieved and negotiated during overlap.
Dieses Kapitel befasst sich mit dem Zusammenspiel von Raum und Interaktion und konzentriert sich auf die dynamischen Organisationsformen sozialer Handlungen unter Berücksichtigung verbaler und sichtbarer Ressourcen. Durch die Untersuchung eines spezifischen Settings – professionelle Interaktionen in einem Radiostudio – werden wir empirisch beschreiben und konzeptualisieren, wie ein gebauter bzw. stark architekturierter Raum im Rahmen institutioneller Praktiken genutzt und relevant gesetzt wird. So soll zu aktuellen Überlegungen zu Interaktionsraum und -architektur, zu Raum als Ressource sowie als materiellem Umfeld beigetragen werden. Unsere ethnomethodologische und konversationsanalytische Perspektive wird von aktuellen Debatten über den sogenannten spatial turn in der interaktionalen Forschung beeinflusst (Kap. 1.1). Auf Grundlage eines in einem Radiostudio erstellten Videokorpus (Kap. 1.2) wird zunächst die Verbindung zwischen einem architektonisch und technologisch komplexen Umfeld und dem interaktionalen Handeln der Teilnehmer skizziert (Kap. 2.1, Kap. 2.2). Es folgt die detaillierte Analyse eines Einzelfalls (Kap. 3), in dem die Radiomoderatoren einen Text für den nächsten Sendeabschnitt vorbereiten. Hier werden die räumlichen Charakteristika sichtbar, die bei der Arbeit nach und nach relevant gesetzt werden (Kap. 4).
Drawing on naturalistic video and audio recordings of international meetings, and within the framework of conversation analysis, ethnomethodology and interactional linguistics, this chapter studies how multilingual resources are mobilized in social interactions among professionals, how available linguistic and embodied resources are identified and used by the participants, which solutions are locally elaborated by them when they are confronted with various languages spoken but not shared among them, and which definition of multilingualism they adopt for all practical purposes. Focusing on the multilingual solutions emically elaborated in international professional meetings, we show that the participants orient to a double principle: on the one hand, they orient to the progressivity of the interaction, adopting all the possible resources that enable them to go on within the current activity; on the other hand, they orient to the intersubjectivity of the interaction, treating, preventing and repairing possible troubles and problems of understanding. Specific multilingual solutions can be adopted to keep this difficult balance between progressivity and intersubjectivity; they vary according to the settings, the competences at hand, the linguistic and embodied resources locally defined by the participants as publicly available, the multilingual resources treated as totally or partially shared, as transparent or opaque, and as needing repair or not. The paper begins by sketching the analytical framework, including the methodology and the data collected; it then presents some general findings, before offering an analysis of various ways in which participants keep the balance between progressivity and intersubjectivity in different multilingual interactional contexts.
Cette contribution discute différents enjeux dégagés lors d’une étude des pratiques professionnelles plurilingues : ces enjeux ont émergé d’une analyse menée collaborativement par deux équipes de chercheurs, à Lyon et à Paris, participant au projet européen DYLAN (6e programme cadre) et élaborant ensemble l’analyse empirique d’un extrait d’une réunion de travail, enregistrée dans le cadre d’une collaboration sur un même terrain. Cette analyse est l’occasion de thématiser de manière exemplaire un certain nombre de questions surgissant de l’étude des contacts des langues dans les contextes professionnels, concernant aussi bien les enjeux épistémologiques que l'engagement du chercheur sur le terrain.
Dans le cadre de l’ethnométhodologie et de l’analyse conversationnelle, cet article s’intéresse à la production de la parole radiophonique en contexte, telle qu’elle est accomplie en temps réel et de manière située, incarnée et soutenue technologiquement dans le studio. Il vise ainsi à replacer la parole radiophonique dans son écologie matérielle et à l’aborder dans ses processus de production plutôt que comme un produit fini. L’analyse se focalise sur les instants qui précèdent immédiatement la prise de parole des animateurs, sur le moment où ils procèdent aux derniers échanges coordonnant leur parole à l’antenne et où ils mobilisent une série de ressources technologiques juste avant le passage au direct : ils précisent ou confirment les dernières prises de décision concernant ce qu’ils vont dire et la manière de le dire, prennent en main leur casque, le mettent, arrangent le micro, effectuent les derniers réglages de régie. Ce moment révèle les arrangements technologiques – dans la mobilisation de plusieurs artefacts - et interactionnels – dans la mise en œuvre de procédés de coordination et d’ajustement mutuel - complexes qui rendent possible la parole en direct.
Cet article se penche sur un épisode radiophonique durant lequel deux animateurs effectuent un coming out hétérosexuel à l’occasion de la journée internationale du coming out (11 octobre). Dans une perspective issue de l’analyse conversationnelle d’inspiration ethnométhodologique, il étudie une collection d’occurrences de coming out, permettant non seulement d’identifier un format séquentiel récurrent et la manière dont il contribue à l’efficacité de la pratique, mais aussi de réfléchir à la façon dont il peut être utilisé dans différents contextes sociaux, notamment médiatisés et médiatiques. En particulier, l’article montre comment la pratique est au service d’une émission radiophonique sur le coming out et prépare la transition vers le traitement de l’homosexualité à la radio. Grâce à un enregistrement vidéo du travail des animateurs dans le studio de radio, l’article décrit la façon dont le thème de la journée internationale du coming out est fabriqué et orchestré dans les coulisses de la radio et sur les ondes. Ce faisant, il montre la contribution d’une analyse conversationnelle à l’approche du coming out dans les études de genre – où la pratique est largement discutée mais sans être analysée sur la base d’occurrences documentées. L’article revient ainsi sur l’épistémologie du closet chère à Eve Sedgwick, en proposant une anatomie du coming out en contexte médiatisé, qui en éclaire les enjeux non seulement épistémiques mais aussi de normativisation, publicisation et spectacularisation.
This paper offers a detailed analysis of the opening of an international meeting. English Lingua Franca as the official language of the meeting is actively discussed and negotiated by the participants. The analysis highlights the issues identified by the participants themselves in choosing a linguistic regime for their professional exchanges. The English Lingua Franca regime is aimed at facilitating the participation of some of the participants, but creates problems for others, too. The chairman deals with this situation in an embodied way (through his gaze, gesture, bodily postures, and by the way in which he walks through the room), displaying that he orients to different member categories (such as 'anglophone', 'anglophone who can understand French', 'francophile', etc.) as benefitting from or resisting against the definitive language choice.
Cette contribution propose une analyse qualitative et quantitative des reformulations sur des données interactionnelles. Pour la constitution du corpus d’étude, nous nous appuyons sur un outil de détection automatique des hétéro-répétitions, considérées comme indices de reformulation. Après avoir illustré les éléments qui ont présidé à la conception de l’outil, nous présentons le paramétrage de cette ressource, que nous avons testée sur quatre enregistrements de la base de données CLAPI. Cette étude souligne la pertinence de l’approche interactionnelle dans l’analyse des hétéro-répétitions, en en montrant les fonctionnalités multiples, notamment dans les pratiques de reformulation dans la conversation.