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Cet article se penche sur un épisode radiophonique durant lequel deux animateurs effectuent un coming out hétérosexuel à l’occasion de la journée internationale du coming out (11 octobre). Dans une perspective issue de l’analyse conversationnelle d’inspiration ethnométhodologique, il étudie une collection d’occurrences de coming out, permettant non seulement d’identifier un format séquentiel récurrent et la manière dont il contribue à l’efficacité de la pratique, mais aussi de réfléchir à la façon dont il peut être utilisé dans différents contextes sociaux, notamment médiatisés et médiatiques. En particulier, l’article montre comment la pratique est au service d’une émission radiophonique sur le coming out et prépare la transition vers le traitement de l’homosexualité à la radio. Grâce à un enregistrement vidéo du travail des animateurs dans le studio de radio, l’article décrit la façon dont le thème de la journée internationale du coming out est fabriqué et orchestré dans les coulisses de la radio et sur les ondes. Ce faisant, il montre la contribution d’une analyse conversationnelle à l’approche du coming out dans les études de genre – où la pratique est largement discutée mais sans être analysée sur la base d’occurrences documentées. L’article revient ainsi sur l’épistémologie du closet chère à Eve Sedgwick, en proposant une anatomie du coming out en contexte médiatisé, qui en éclaire les enjeux non seulement épistémiques mais aussi de normativisation, publicisation et spectacularisation.
L’équipe de Lyon étudie la façon dont les ressources plurilingues sont mobilisées dans des activités collaboratives au sein du travail d’équipe. La démarche analytique est inspirée de l’Analyse Conversationnelle d’emprunte ethnomethodologique, et considère comme centrale la relation entre ressources plurilingues et organisation située des usages linguistiques et des pratiques sociales. Ces deux aspects sont réflexivement articulés, les ressources plurilingues étant modelées par leur contexte d’utilisation, et les activités étant mutuellement contraintes et structurées par les ressources disponibles.
Historiquement, les variétés germaniques de la Moselle-Est (ancienne région Lorraine) font partie du continuum dialectal de l’allemand. Après la Seconde Guerre mondiale, leur utilisation (y compris celle de l’allemand standard) a été fortement réprimée et la francisation résolument poursuivie. Depuis quelques décennies maintenant, des efforts ont été faits pour élever les dialectes de la Moselle-Est au statut de langue indépendante afin de marquer une distance par rapport à la langue allemande, de permettre leur identification et de pouvoir les réutiliser. Le paysage linguistique donne une bonne indication de la manière dont coexistent les différents groupes linguistiques et une indication sur le statut de leurs langues. Dans le cadre d’une analyse qualitative, les contextes d’apparition, les fonctions et les auteurs des éléments linguistiques visibles dans l’espace public en allemand standard et dialectal seront discutés pour la Moselle-Est. Il s’avère qu’ils constituent des exceptions notables, distribuées de manière significative. L’allemand (standard) apparaît dans les inscriptions historiques ainsi que dans le domaine des relations internationales, et est donc implicitement exogénéisé. En revanche, on trouve le dialecte (appelé « platt ») dans des contextes ayant des références locales et portant sur des aspects identitaires.
Dans le cadre de l’ethnométhodologie et de l’analyse conversationnelle, cet article s’intéresse à la production de la parole radiophonique en contexte, telle qu’elle est accomplie en temps réel et de manière située, incarnée et soutenue technologiquement dans le studio. Il vise ainsi à replacer la parole radiophonique dans son écologie matérielle et à l’aborder dans ses processus de production plutôt que comme un produit fini. L’analyse se focalise sur les instants qui précèdent immédiatement la prise de parole des animateurs, sur le moment où ils procèdent aux derniers échanges coordonnant leur parole à l’antenne et où ils mobilisent une série de ressources technologiques juste avant le passage au direct : ils précisent ou confirment les dernières prises de décision concernant ce qu’ils vont dire et la manière de le dire, prennent en main leur casque, le mettent, arrangent le micro, effectuent les derniers réglages de régie. Ce moment révèle les arrangements technologiques – dans la mobilisation de plusieurs artefacts - et interactionnels – dans la mise en œuvre de procédés de coordination et d’ajustement mutuel - complexes qui rendent possible la parole en direct.
Cet article propose un bref aperçu de l’état de l’art en syntaxe de l’allemand. Pour illustrer les évolutions théoriques et méthodologiques majeures, en rupture avec les approches traditionnelles, l’étude a sélectionné cinq points particuliers : la structure du groupe nominal, la syntaxe du verbe en lien avec la valence et les fonctions syntaxiques, les diathèses, les constructions infinitives et la structure de la phrase sous l’angle de la position du verbe et de ses implications syntaxiques.
In recent years, new developments in the area of lexicography have altered not only the management, processing and publishing of lexicographical data, but also created new types of products such as electronic dictionaries and thesauri. These expand th range of possible uses of lexical data and support users with more flexibility, for instance in assisting human translation. In this article, we give a short and easy-to-understand introduction to the problematic nature of the storage, display and interpretation of lexical data. We then describe the main methods and specifications used to build and represent lexical data.
Alors que de nombreuses études en analyse conversationnelle se sont intéressées à la manière dont des locuteurs co-construisent un tour de parole (notamment sur le plan syntaxique et prosodique), la façon dont la co-construction est ensuite évaluée n'a pas encore été étudiée en profondeur au sein de la littérature interactionniste. Ici, nous étudions deux pratiques permettant à un locuteur de valider une co-construction, à savoir l'acquiescement simple et l'hétéro-répétition de la complétion. En menant une analyse séquentielle et multimodale de plusieurs séquences de co-construction en français, nous montrons qu’à travers ces deux procédés – qui semblent au premier abord similaires dans leur fonctionnement – les locuteurs effectuent une évaluation très différente : tandis que l'acquiescement simple valide la complétion proposée uniquement comme une version possible, l'hétéro-répétition la valide comme étant une complétion complètement adéquate. Cette contribution met en évidence que les interactants exploitent des ressources audibles aussi bien que visibles afin de manifester si et dans quel sens ils acceptent la complétion de leur tour de parole de la part d’un coparticipant. Nous soulignons l’importance d’étudier en détail les différents formatages possibles des tours évaluant une complétion afin de pouvoir distinguer différentes formes « d’acceptation » et de révéler la manière dont les locuteurs peuvent finement négocier leur position en tant que (co-)auteur ou destinataire d’un tour de parole.
Cette contribution s'intéresse aux co-constructions d'un tour de parole en interaction, plus spécifiquement, à la manière dont la complétion d'un énoncé de la part d'un co-participant est ensuite réceptionnée par le locuteur dont le tour a été complété. Malgré l'intérét certain porté par l'analyse conversationnelle et la linguistique interactionnelle à la co-énonciation, l'évaluation de cette pratique par le premier locuteur n’a pas fait l’objet d’analyses approfondies. Dans ce qui suit, nous nous focalisons plus particulièrement sur les pratiques interactionnelles qui permettent aux participants de valider une co-construction. Ce travail est issu du projet ANR SPIM (« L'imitation dans la parole »), dans le cadre duquel nous nous sommes interrogée sur la fonction de l'hétéro-répétition (le fait de répéter un énoncé d'un autre locuteur ou une partie de celui-ci, opposée à l'auto-répétition) dans des séquences de co-construction d'un tour de parole. Dans la partie analytique, nous contrastons deux possibilités de validation d'une complétion collaborative, à savoir l'acquiescement simple (« oui ») et l'hétéro-répétition simple. Sur la base d’enregistrements vidéo de conversations naturelles, nous montrons que ces deux pratiques ne valident pas la complétion collaborative de la même manière, mais qu'elles permettent aux locuteurs d’évaluer finement le caractère plus ou moins adéquat des éléments co-construits.
Cette contribution se concentre sur les locuteurs de l’allemand en situation minoritaire dans le Caucase. Il s’agit de descendants d’anciennes minorités allemandes de l’Empire russe et de l’Union soviétique, qui ont émigré vers les territoires transcaucasiens en plusieurs phases à partir de la fin du xviiie siècle. Les personnes interrogées sont celles qui, en raison de mariages interethniques, ont évité les déportations de 1941 et vivent toujours dans le Caucase du Sud. Avec les méthodes caractéristiques de la sociolinguistique, l’auteure a enregistré, transcrit et analysé des entretiens formels semi-dirigés effectués en 2017 dans le Caucase du Sud avec deux générations de descendants. L’article présente la situation des variétés de l’allemand (dialecte souabe et allemand standard) et de leurs locuteurs dans des constellations de langues en contact dans le Caucase ainsi que les actions menées par différents groupes d’acteurs pour préserver la langue et la culture allemandes en Géorgie.
Fondé en 1964, l’Institut für Deutsche Sprache (IDS) est aujourd’hui l’institution extra-universitaire la plus importante pour la recherche et la documentation dans le domaine de l’allemand contemporain. L’article met en perspective les travaux lexicologiques et lexicographiques qu’accomplit l’IDS en fonction de son cadre institutionnel, des changements paradigmatiques dans la recherche et des transformations sociétales.
Le bas allemand, répandu dans le tiers nord de l’Allemagne, est une langue régionale dont l’existence est menacée. Elle compte certes encore un grand nombre de locuteurs, mais ceux-ci présentent une structure d’âge très défavorable. Depuis deux générations, la transmission de la langue au sein des familles n’est plus assurée et l’ensemble des locuteurs est fortement vieillissant. Il existe cependant une pratique de théâtre amateur très vivante dans le nord de l’Allemagne : 3 000 troupes de théâtre jouent en effet en bas allemand. Or ces petites unités organisationnelles touchent justement les jeunes avec leurs offres et leur ouvrent l’accès à la langue régionale. Une enquête menée en ligne en 2017 par le Leibniz-Institut für Deutsche Sprache et l’Institut für niederdeutsche Sprache auprès des troupes de théâtre amateur a montré que ces groupes peuvent offrir un cadre stable pour l’utilisation du bas allemand. De nombreux participants à cette enquête ont indiqué que la possibilité d’utiliser le bas allemand constituait pour eux une motivation importante pour participer à leur troupe de théâtre respective.
Les séquences argumentatives dans les discussions conflictuelles entre mères et filles adolescentes
(1994)
In Anlehnung an die Theorie der Individuation wird vermutet, dass das Gesprächsverhalten von Müttern und jugendlichen Töchtern in konfliktären Interaktionen durch Kontrolltendenzen auf Seiten der Mütter und Abgrenzungstendenzen auf Seiten der Töchter determiniert wird. Das Aufeinandertreffen konträrer partnerbezogener Intentionen sollte sich in bestimmten Regelmäßigkeiten bei der Abfolge von gesprächsorganisatorischen und argumentativen Äußerungen niederschlagen. Als Datenbasis dienten 60 Konfliktgespräche zwischen 30 Müttern und ihren jugendlichen Töchtern im Alter von 12 bis 24 Jahren. Jede Dyade diskutierte zwei aktuelle Konflikte. Die transkribierten Gespräche wurden nach einem Argumentations-Kategorien-System in Einheiten zerlegt und klassifiziert. Gesprächsorganisatorische Kategorien waren Initiativen sowie positive und negative Reaktionen auf Initiativen. Argumente wurden in ihrer Bezugnahme auf ein Ziel oder ein anderes Argument nach ihrer stärkenden, modifizierenden, schwächenden, zustimmenden oder ablehnenden Funktion unterschieden. Die Auswertungen erfolgten über lag-sequentielle Analysen. Als statistisch signifikante Muster resultierten das Repetionsphänomen (Initiativen werden vor allem von Müttern häufig wiederholt), die Argumentkonfrontation (Gegenargumente werden überzufällig häufig mit Gegenargumenten gekontert) und ein positiver sowie ein negativer Reaktionszyklus (sowohl positive als auch negative Reaktionen ziehen Partnerreaktionen der gleichen Qualität nach sich). Die Ergebnisse stehen in Einklang mit den entwicklungspsychologischen Annahmen über die partnerbezogenen Intentionen von Müttern und jugendlichen Töchtern.
Parmi les nombreuses contributions de Charles Goodwin à l’étude des interactions sociales, ses travaux sur les gestes de pointage (1986, 2003, 2007) et la vision professionnelle (1994) constituent un apport majeur. Forts de l’enseignement goodwinien, nous examinons le recours aux gestes de pointage lors des instructions de navigation observables dans des leçons de conduite. Nous décrivons quatre exécutions indexicales différentes des gestes de pointage employés pour indiquer un parcours à suivre : les gestes trajectoire, les gestes géométriques, schématiques et contrastifs. Les gestes trajectoire tracent une ligne dans l’espace, révélant ainsi une composante déictique et une composante iconique. Les gestes géométriques instaurent une relation vectorielle avec la configuration routière visible, alors que les gestes schématiques reposent sur une représentation sémiotique stylisée de l’environnement. Ni complètement géométriques, ni schématiques, les gestes contrastifs se basent sur une représentation oppositionnelle de l’espace ambiant. La mobilité des interactants, leur asymétrie épistémique, l’activité didactique, et la séquentialité de l’interaction contribuent à donner leur sens à ces gestes de pointage.
Le bilinguisme en Moselle-Est. Un projet de documentation linguistique de la situation actuelle.
(2020)
Qui parle aujourd'hui quelle langue avec qui et à quelle occasion? Quelles idées les habitants de la Moselle germanophone associent-ils aux dialectes et aux langues? Comment le Platt lorrain est-il transmis? à quoi cela ressemble-t-il dans les différents coins de la Moselle ? Pour répondre à ces questions, le Leibniz- Institut für Deutsche Sprache (IDS) a lancé un projet de documentation sonore pour la recherche linguistique.